La pluralité culturelle rentre dans l’Assemblée Nationale

dimanche 25 mai 2008
par Pierre Mortimore
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"Les députés français ont levé un tabou hier, le 22 mai 2008, en votant, à la quasi-unanimité, un amendement surprise au projet de loi sur la réforme des institutions. Cet amendement vise à inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. "Les langues régionales appartiennent au patrimoine" de la Nation, indique le texte. Une formule qui complètera désormais l’article premier de la Constitution sur la "République indivisible, laïque, démocratique et sociale", si la réforme est votée par le Parlement réuni en Congrès en juillet. Mais l’article 2 continuera de stipuler que "la langue de la République est le français".

Breton, alsacien, catalan, corse, occitan, créole, béarnais, picard, flamand, basque... on compte en France environ 75 langues régionales." (site France Info)

Premier temps : le 7 mai 08

Les langues régionales en débat à l’Assemblée Nationale pour la première fois

Cela vaut le coup de lire le compte-rendu ci dessous des échanges qui ont eu lieu lors de la séance du 7 mai 08 des débats de l’AN et qui ont ouvert la voie au vote du 22 mai.

Ce texte a été reçu grâce à la liste mail de Marie Jeanne Verny de l’Université Paul Valéry à Montpellier et de la FELCO dont Philippe Martel que vous connaissez bien est le président.

FELCO : Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc de l’Éducation Nationale (académies de Nice, Aix-Marseille, Grenoble, Clermont-Ferrand, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Limoges, Poitiers, Ile de France) Federacion dels Ensenhaires de Lenga e Cultura d’Òc.

Deuxième temps : le 9 mai 08

Langues “régionales” : le gouvernement annonce une loi sans ambition

À l’issue du débat sur les langues régionales qui s’est tenu le 7 mai à l’Assemblée nationale, Christine Albanel a indiqué que le gouvernement proposera un projet de loi, "un cadre de référence", "pour récapituler l’existant et entrer dans le concret, dans le domaine des médias, de l’enseignement, de la signalisation ou encore de la toponymie." On n’a pu que regretter à cette occasion l’absence de Xavier Darcos, en charge du ministère de l’Education nationale, particulièrement concerné par un tel projet de loi. Sans préciser de calendrier, la ministre de la culture a indiqué aux parlementaires que "ce texte ne devrait pas trop tarder à être présenté”

Troisième temps : le 22 mai 08

L’Assemblée inscrit la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution

PARIS (AFP) — L’Assemblée nationale a voté jeudi, à la quasi-unanimité, un amendement surprise au projet de loi sur la réforme des institutions visant à inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. "Les langues régionales appartiennent au patrimoine" de la Nation, prévoit l’amendement présenté par le président UMP de la commission des Lois, Jean-Luc Warsmann et qui complètera l’article 1 de la Constitution. Cette disposition était demandée depuis très longtemps par de nombreux parlementaires de toutes tendances politiques. L’ensemble des groupes -UMP, Nouveau Centre, PS, PCF, Verts- et François Bayrou (MoDem) avaient déposé des amendements similaires à celui de M. Warsmann. Ils avaient tous été rejetés par la commission des Lois la semaine dernière. La garde des Sceaux, Rachida Dati, s’est dite "favorable" à cette inscription des langues régionales dans la Constitution. M. Bayrou a exprimé "la satisfaction" de celui qui "mène le combat pour les langues régionales depuis longtemps". "C’est un pas en avant important", a-t-il déclaré. Jean-Jacques Urvoas (PS) a estimé que "cela va dans le bons sens pour l’épanouissement des langues régionales". "Enfin les langues régionales vont être reconnues !", s’est exclamé le député NC Philipe Folliot tandis que Marc Le Fur, l’un des députés les plus en pointe dans la défense des langues régionales, s’est réjoui de "quelque chose de positif". Patrick Braouezec (PCF) a souligné que "l’unité n’est pas l’uniformité". Mettant en exergue la convergence de vues des députés de tous bords dans cette discussion sur les langues régionales, Arnaud Montebourg (PS) a plaidé pour que la discussion sur l’ensemble du texte se déroule dans le même esprit : "c’est ici que cela doit se décider, entre nous. Nous souhaitons travailler ainsi jusqu’au bout, dans cette optique".