Une rencontre aux multiples visages

petit aperçu de 12 années de rencontres interculturelles
samedi 28 avril 2012
par Lilian Brower Gomes
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La dynamique entre les différentes dimensions de la semaine de rencontres interculturelles favorise l’expression de multiples manières d’être et de penser. Leurs interactions et un rapport au passé vivant, inclusif et pluridisciplinaire alimentent la construction d’utopies. Utopies porteuses de changements vers un monde que nous souhaitons plus juste, plus égalitaire, plus humain. Un monde qui valorise l’égalité de droits tout en reconnaissant les différences. Un monde d’échanges et de dialogue. Un monde de paix.

Original et sympathique

Un grand événement une semaine durant dans un village des Cévennes. Contes, poèmes, musique, chant, danse, histoires de vie, constructions de l’histoire, rencontres avec les habitants, échanges avec des auteurs, repas, spectacles sont au rendez vous. « Bréau » se construit chaque année riche en couleurs, en saveurs, en idées par les talents et les connaissances de ceux qui le font vivre. Une rencontre qui met à l’honneur le yiddish et l’occitan.

Langues, cultures, valeurs : des créations immatérielles des hommes

Une occasion de faire connaissance avec ces cultures, de les faire interagir avec la (les) sienne (s), de se plonger dans la chaîne de la transmission. Un lieu pour prendre la mesure de la diversité linguistique-culturelle humaine en tant que garante de ses valeurs et de ses autres créations immatérielles.

A Bréau, sur la place du village et chez l’habitant

Bréau se trouve dans le Gard, a une heure et demie de Nîmes et à une heure de Montpellier. Si vous venez par le train, le bus est très accessible à Nîmes, sur le parvis qui jouxte la gare. Vous avez le choix entre vous loger à l’hôtel, dans des gîtes ou chambres d’hôtes des villages autour de Bréau. Un camping se trouve en bas du village qui propose en plus du terrain, des caravanes. Les repas sont pris ensemble sur la place du village le midi et le soir concoctés par une cuisine associative à laquelle les participants sont invités à s’y associer. Les ateliers, débats, présentation de livres, librairie, spectacles et activités communes de chant et danse se passent dans les différents équipements du village, sur la place et chez l’habitant. Le village est devenu parfois un grand salon d’expositions.

Des intervenants passionnés, généreux et compétents

Toutes sortes d’ateliers, menées par des êtres passionnés, généreux et compétents, ont assurée la transmission des langues et cultures yiddish et occitane pendant ces douze années : danse, chant, musique klezmer et occitane, langue yiddish et occitan, lecture historique du pentateuque, écriture, et vidéo sont les ateliers qui reviennent chaque année. Puis aussi : maquette du village, vannerie, pain préparé dans le four banal du village voisin, apiculture, yoga, création corporelle-artistique, création artistique commune et individuelle, tissage, interviews vidéo-histoires de vie, astronomie, groupes de parole entre enfants cachés, lectures de paysage nous menant à rencontrer des personnes du pays …

Les archives : une mine de savoir … et de souvenirs

En douze ans l’association a proposé 250 ateliers d’une semaine, une centaine de conférences, une centaine de spectacles, bals, films, concerts.

Les temps d’échanges ne sont pas en reste. Pendant douze ans un nombre important d’intervenants est venu partager avec les participants le fruit de leurs recherches et de leurs préoccupations. Une visite aux archives de 2003 nous donne une variété incroyable de thèmes, d’approches, de déconstructions. D’un regard sur la vie locale, méridionale, berbères inclus, les conférences ont abordé jusqu’à une mise au point de la position de la Suisse à l’égard des juifs et allemands, en passant par la complexité de sentiments vécus lors d’un un voyage un Pologne. Dans toutes ces approches était présente la préoccupation avec la manière de faire l’histoire.

Des Rencontres aux multiples visages dont certains viennent juste d’émerger, produits de 12 années de travail et interrogations.

Ces rencontres sont :

- un lieu de rencontres, d’échanges humains intenses, intelligents et informels ;
- un lieu de transmission de savoirs et savoirs faire autour des langues-cultures yiddish et occitane ;
- un lieu de sensibilisation à l’importance de toutes les langues, leurs liens avec les cultures et les Histoires des hommes, leur fonction dans le monde actuel, l’importance de leur existante et de leur vigueur (Claude Hagège) ;
- un lieu d’expérimentation de dialogues inter culturels ;
- un lieu d’examen de conflits et tensions « ancestrales » : entre religions, cultures, classes sociales, intellectuels et manuels, monde rural et citadin... ;
- un lieu d’apprentissage de pratiques démocratiques ;
- un lieu de tissage de liens vivants avec le passé par une histoire où tous ont leur place (Walter Benjamin, Suzanne Citron, Philippe Martel) ;
- un lieu de création d’idées, d’œuvres, de ponts, de liens. (p.ex. celui qui relie Peretz et Mistral, par leurs démarches et leurs œuvres ; le spectacle théâtral ou lecture théâtralisée qui rend compte du cheminement accompli pour relier les deux auteurs et les deux œuvres : « La Nuit sur le Vieux Marché » et « Mireille ») ;
- un lieu pour poser questions et problèmes en relation aux thèmes et objectifs de l’association, pour appréhender la complexité de ce qui se passe dans le monde, entre les hommes.